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Full text of "Recherches sur les causes du mouvement du sang dans les vaisseaux capillaires"

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RECHERCHES 

CAUSES DU MOUVEMENT DU SANG 

DANS LES VAISSEAUX CAPILLAIRES. 


PAR LE D* POISEUÏLLE, 


Ce Mémoire, qui est extrait du tome VH des Savants étrangers, 
a été déposé à Flnstitut, pour le concours de physiologie expéri¬ 
mentale, en mars 1835; il en a paru une analyse très-succincte 
dans les journaux scientifiques, en mai, et dans le compte rendu de 
ia séance publique de FAcadémie des Sciences du 28 décembre 
183 5. Depuis, quelques physiologistes s’occupant du même sujet 
ont publié des travaux, dont les uns viennent à Fappui de certains 
points de ia science que nous avons étafabs, dont ies autres y sont 
•opposés, ou donnent à quelques-uns des faits que nous avons 
observés uneXfôpt autre interprétation que ia nôtre. Le lecteur 
trouvera à iafin'du Mémoire, aux renvois (a), (i), (c), notre 
réponse à ces derniers travaux. 

, - • 


■» 



RECHERCHES 


CAUSES DU MOUVEMENT DU SANG 


DANS LES VAISSEAUX CAPILLAIRES. 



Le sang, qui, dans les vertébrés, à l’oeil nu ou armé d’une 
loupe, paraîwi’un rouge homogène, n’a pas le même, aspect au 
microscope; on y distingue alors deux parties : l’une, transparente, 
légèrement rosée et liquide, c’est le sérum; fautre, solide, se trouve 
formée, suivant Leuwenboeck, ainsi que nous l’avons vu et vérifié 
nous-même, dans le cas où la circulation se fait avec lenteur, ou 
bien d’après le procédé indiqué par M. J. Muller ‘, de disques, cir¬ 
culaires ou elliptiques, qu’on pourrait appeler comme ce dernier, 

sous le nom de globules, pour nous conformer à fusage. C’est à 
f opacité des globules nageant au milieu du sérum transparent, 





(ju’on doit d’apercevoh' au microscope la circulation dans ies vais¬ 
seaux, quand toutefois leurs parois sont assez minces pour laisser 
traverser ia lumière. 

Au microscope, ies artères se distinguent des veines en ce que, 
toutes choses égales d’ailleurs, les globules s’y meuvent des troncs 
vers les branches, des branches vers ies rameaux; c’est ie con¬ 
traire pour les veines : très-souvent aussi ies artères sont d’un pius 
petit calibre que les veines. 

Nous entendons par capillaires, les petits vaisseaux qui terminent 
les artères, et donnent naissance aux veines; ces vaisseaux, vus au 
microsco])e, ainsi que nous les ofirent les animaux des quatre 
classes des vertébrés, tout en se divisant et se réunissant, pour for¬ 
mer ordinairement une sorte de réseau, conservent le même ca¬ 
libre ; ils ne donnent passage qu’à quelques globules à la fois, ie 
pius souvent qn’à un se uL{,yoyez fig. i, J’i. I;.et fig. 1, PI. H.) 
Dans quelques organes, tels que les branchies, les poumons des 
salamandres et des grenouilles, les capillaires apparaissent sous 
forme de canaux creusés dans fépaisseur des tissus. (Voyez fig. i 
eta, Pi.ll.) 

Paitout, dans les mammifères, ies oiseaux, les reptiles et les 
poissons, le sang passe des dernières divisions des artères dans les 
racines dés veines à travers les vaisseaux capillaires, ainsi qu’on 
peut s’èn convaincre en examinant la membrane natetoire (voyez 
fig. 1 , PI. IV) et les poumons de la grenouille, les branchies et 
les poumons de la salamandre (voyez fig. 1 et 2, PI. II) et la vessie 
de très-jeunes rats (voyez fig. 1 , PI. III), où Ton distingue facile¬ 
ment un système de vaisseaux capillaires, intermédiaire à une ar- 
tèreèt à la veine correspondante 

La vitesse des globules dans les 'capillaires est généralement 
moindre que dans fcs artères et les veines ; cette remarque s’étend 














8 . DD MOUVEMENT DU SAN&; 

des deux premiers chapitres ; le troisième sera consacré à Texamen 
de la cause des mouvements singuliers des globules dont il vient 
d’être question dans les capillaires. 

Les animaux.qui nous ont _servi dans ces recherches sont, 
parmi les batraciens, ia grenouille verte {rana esculenta, Linn.), 
la gi-enouiile rousse {l’ana temporaria, Linn.), et leurs têtards; le 
crapaud commun.( rana.Bufo, Linn.), les salamandres aquatiques 
et leurs têtards (salamandra eristata, salam. punctata, Latr. salor 
mandra Rusconi); et parmi les mammifères, la souris 

blanche {mus, musculus, Linn.), de très-jeunes surmulots {mus 
decumanus, linn.) et de très-jeunes chats domestiques (Jelis eatus, 
Linn.). Les observations sur les mammifères ont été faites à une 
température de vingt à trente degrés centigrades. 













(Q Dü MODVEMBST DU SANG 

sur le virant, à faction du cœur, un segment d’artère, a été d’ap¬ 
pliquer sur ie -vaisseau, de petits corps qni par ienr poids pussent 
Lidement intercepter le cours du sang, sans altérer en ancnne 
manière les parois de l’artère, ni s’opposer à la sortie dn sang de 
fintérfeur du segment, dans le cas où le vaisseau reviendrait sur 
lui-même. 

ies petits corps dont nons nous sommes servi sont des cy¬ 
lindres elliptiques de platine, de quatre millimètres de hau- 
teur, et dont la base a de trois à quatre millimètres de dia- 



a. On fixe une grenouille sur ane lame dé liège, à l’aide d’épin¬ 
gles traversant les membres antérieurs et postérieurs, et on fait 
une large incision aux téguments et aux muscles de là paroi in¬ 
férieure de l’abdomen, les intestins fonlbernie; on dispose nue 
grande anse sur une lame de verre, et là faible adhérence qui 
s’établit, entre le verre et le mésentère, par là présence de la sé¬ 
rosité péritonéale, snflSt ordinairement pour maintenir les parties 
dans une position fixe; on placé le mésentère, ainsi préparé et 
horizontal, sur le porte-obfel du microscope : la circulation se 
fait très-bien dans les artères, les capillaires et les veines. 

X3h applique deux cylindres de platine Gy G' (fig. i, PI. I) sur 
une artère et une veine voisines; les cylindres sont distants l’un 
de- l’autre d’au moins un centimètre. — D’abord, immobilité des 
globules dans les segments artériel et veineux.—Un mouvement 
des globules, d’une lenteur extrême, se fait bientôt dans l’artère; 
quelques globules passent du segment de l’artère vers l’extrémité 
A ; én B, les globules conservent leur immobdité. — Dix minutes 
se sont â peine écoulées, que l’artère entre les cylindres présente 
déjà un calibre plus petite qu’au delà dés deux obstacles. -— Gette 
diminution, dans les vingt minutes suivantes, devient de plus èn 
plusmanifeste, de telle sorte qu’au bout de trente minutes environ, 
le diamètre du segment artériel n’a plus qué les trois cinquièmes 





les deux segments paraissent stationnaires au bout de ce temps, 
ils ne varient pas de diamètre dans Jes trente-cinq minutes suivantes. 
— On remarque moins de globules dans îe segment artériel qu’au 
delà des obstacles ; quelquefois on ne voit point sortir de globules 
des segments artériels et veineux, mais alors noos pensons qu’il y 
a absorption du sérum du sang par les parois vasculaires, absorption 
focilitée par le retrait même du vaisseau, —: Ou enlève les deux 
cylindres de platine, la circulation se rétablit, et dans fartère et 
dans la veine. — D’abord le segment d’artère ne paraît pas aug¬ 
menter de calibre dans les.deux premières minutes; mais, au bout 
de dix minutes la différence entre son diamètre et celui des points 
A et B est un peu moindre ; le diamètre du segment augmente alors 
de plus en plus, au far età mesure, qu’une plus grande quantité de 
sang le traverse. :—Cependant une heure s’est écoulée , et le seg¬ 
ment artériel présente encore un diamètre plus petit; ce n’est 
qu’au bout de deux- heures qu’il récupère son diamètre primitif. 
Le segment de veine, qui a très-peu diminué de volume, conserve 
longtemps son moindre,volume, même après ces deux heures. 
Remarquons en passant qu’au moment où on a enlevé les obs¬ 
tacles, les globules qui se meuvent dans la parüeG rétrécie de l’ar¬ 
tère (fig. 2) ont une vitesse beaucoup plus considérable qu’en A 
et B ; c’est le contraire quand le vaisseau estdilaté : ainsi, voulant 
placer le cylindre de platine sur une artère, si on le laisse tomber 
sur le vaisseaules parois sont contuses; elles offrent en ce point 
moins de résistance, elles cèdent; il se forme un anévrisme vrai 
(fig. 2, PL V); et dans la partie A B les globules se meuvent 
avec une moins grande vitesse qu’en C et D. Ces dernières remar¬ 
ques touchant la vitesse des globides allant d’un lieu plus large 
dans un plus étroit,,et réciproquement, ont été faites par Haller *, 
puis par Spallanzani 





lï DD MOUVEMENT DD SANG 

'S. Au lieu de grenouifles on prend des salamandres, et les ob¬ 
servations que nous venons de faire sur ia diminution lente et 
progressive du-diamètre de Fartère entre les obstacles, sur le réta¬ 
blissement progressif du calibre du vaisseau quand on les a enle¬ 
vés, se vérifient de nouveau; la diminution du diamètre des 
veinés est aussi beaucoup moins considérable que celle qui est 
donnée pai-les artères. ■ r.- 

y. La diminution du diamètre des artères et dès veines a aussi 
lieu lorsque,'dans la préparation d’un mésentère, la circulation y 
a été suspendue accidentellement pendant un certain temps. 

’i. Lorsque la circulation vient d’étre rétablie'daus les segments 
d’artère, il arrive quelquefois que certains points de leur étendue 
cèdent plus vite à l’effort du sang lancé par le cœur que le reste 
du segment: ainsi, dans les dix premières minutes, le segment 
d’aïtèrè èffre la forme rèpreseiitée-par la-fig. 3, pl. V, et les remar¬ 
ques de Haller et de Spallanzani se vérifient alors facilement. Mais 
le sang continuant de traverser l’artère, le calibre du segment aug¬ 
menté' de' plus en plus ; et les points'A et B n’offrent plus rien de 
particülrer. ' ■ ' 

mésentère d’une souris âgée de quinzeà vingt jours; ici le segment 
d’ârtère revient lellemèntsnr'lüî-même-qu’il n’a, au bout de vingt- 
cinq-miriütéÿiquèles'déùx--fiërs dë'son diamètre primitif, et 
pendant-plus d’une heure ce retrait continue ; alors le diamètre 
est réduit'àla moitié; c’estm-dire que Ic’calibre de l’artère est de¬ 
venu quatre fois plus petit.-n-On enlève les cylindres, l’artère 
augmente'dè Tolüm:e,otqnôiqué le-sang y passe depuis plus d’une 
heures le'segment artériel n’a encore que les trois quai-ts du dia- 
mètre qù’il avait d’abord. Lés veines, comme dans les batraciens, 
ne reviennent que très-peu sur elles-mêmes , quand elfes cessent 
d’étré"'jterffieâbies au sang, “cbmpârativèment aû retrait qu’offrent 
les artères. , . 

i. Il arrive même, mais c’est assez rare, qu’un seul cylindre em¬ 
pêchant le sang de passer dans une artère, ellè'se rétrécit de plus 






petite portic 










retrait des vaisseaux. 

y. La diminution du diamètre des vaisseaux est plus grande ici 
que dans les expériences précédentes (expér.t"*), attendu que par 
la résection des artères et des veines le sang n’oHre plus, en ces 
points, qu’une pression égaie à celle de i’atmosphère ; il oppose 
aiors moins de résistance au retrait des jiarois vasculaires vers 

En nous appuyant sur les faits précédents, l’interprétation de 
l’écoulement du sang par une ouverture pratiquée à un vaisseau, 
et qui a occupé Haller et Spallânzani, se présente naturellement -, 
ainsi que nous lè verrons bientôt. 

Ce retrait, dont nous parlons, est d’autant plus sensible dans 
les grenouilles et les salamandres que ces animaux sont bien por¬ 
tants, qu’ils n’ont pas supporté une abstinence trop prolongée, 
comme il arrive quand on les a relégués dans les laboratoires 
depuis un certain temps. • 

Ainsi, lorsque les petites artères cessent de recevoir du sang, 
elles- reviennent sur elles-mêmes ;, cette diminution de diamètre 
n’est pas subite, instantanée, comme cela a lieu dans les gros 
troncs, en vertu de l’élasticité de leurs parois : mais elle se fait 
lentenient et pendant un temps plus ou moins long. La même 











3 g DU MOUVEMENT DU SANG 

complet, part comme une flèche, poussé par le sang que vient de 

iancer le cœur à travers i’artère crurale. 

Cette expérience rappelie ceiie de M. Magendie, faite sur fa 
cuisse d’un chien , 

Remarque. Nous venons de voir un mouvement des globules, 
dans les vaisseaux de fa membrane natatoire, après avoir fié f’ar- 


nous appuyant sur fes faits du paragraphe précédent, pî 
trait de i’artère au-dessous de fa figatare, et non, comme fe 
quelques physiologistes, et en particulier MM. Dœflinger 








de va et vient des globules : fl n’y a plus progression, mais bien 
oscillations des globules. Ces oscillations dont l’amplitude, d’abord 
d’une longueur de cinq globules, n’est bientôt plus que de deux, 
conservent identiquement le même rhytbme, et dans l’artère, les 
capillaires et la veine de Tespace interdigitàl. Ces oscillations ont 
lieu pendant tout le temps que la veine est comprimée ; leur nom¬ 
bre est de quarante-six par minute. 

. En même temps qu’on comprime la veine crurale, on intercepte 
aussi le cours du sang dans l’artère crurale; le mouvement oscil¬ 
latoire cesse aussitôt; il y a repos des globules dans l’artère, les ca¬ 
pillaires et la veine de k patte; on laisse libre l’artère crurale, et 
les oscillations recommencent avec la même amplitude dans ces 
trois ordres de vaisseaux, co.mme précédemment. 


Ôn découvre le cœur de la grenouille ; on compte aussitôt le 
nombre des contractions du ventricule; fl en donne cent quatre- 

















qu’oD suppose leur être inhérente, si en effet elle existait. En 
examinant une de ces veines, nous avons légèrement incliné le 
porte-objet dans un sens, et en sens opposé, et nous avons été té¬ 
moin d’un mouvement des globules de cette veine vers Textré- 
mité la plus déclive ; mais le vaisseau étant placé horizontalement, 
il n’y avait plus de mouvement. 

Ainsi l’opinion qui veut que les globules se dirigent sponta¬ 
nément, des capillaires vers les veines, pour aller an cœur, c’est- 
à-dire..qu’un globule dans les veines se porte vers cet organe en 






mouvement, très-lent, étjit continu, non saccadé, et devenait de 
plus en plus faible. Mais si dans tous ces cas on examine le bout 
de l’artère qui est le siège de ce phénomène, on ne le voit plus 
fournir du sang, un caillot empêche la sortie de ce fluide, et si avec 
la pointe d’une aiguille qn enlève le caillot, ou si l’on rafraîchit avec 
des ciseaux le bout de l’artère, alors le mouvement rétrograde se ré¬ 
tablit dans le vaisseau, et toute progression cesse dans les capillaires. 

Des expériences précédentes n 
que les mouvements des globules q 
séparée du corps par l’instrument 
plement de fécoulement du liquide, 
seaux sont amputés, trouve une ] 
ailleurs, et les faibles mouvements 
la propriété (paragraphe I") qu’on 












du corps, la îame d 
zontale; au bout du 
fes vaisseaux. 

On incline Ja ian 



30 DD MODVEIIEST DU SANG 

fobserve ne se meut pas; il y a simplement déplacement des glo- 
buies, qui vont du point supérieur de ïa partie à son point le plus 
declive, par suite d& la pesanteur spécifique des globules, plus 
grande qne celle du sérum, au sein duquel ils nagent. N’oublions 
pM d’ajouter que, dans beaucoup de cas, la coagulation du sang 
s’oppose à ces mouvements. 

Une autre circonstance de mouvement, et contre laquelle il 
faut se tenir en garde dans les observations microscopiques, est 
l’action de la chaleur. 

Examinant ,dl y a quelques années, avec M. le D’ Nat. Guyot, 
à la lumière d’une bougie, la circulation dans une. patte de gre¬ 
nouille séparée de l’animal, et fixée au contour d’une ouverture 
pratiquée à une lame de liège, sans le secours d’une lame de verre, 
nous ne fumes pas peu surpris de voir un mouvement dans les 
vaisseaux des espaces ipterdigitaux, lorsqu’à la lumière diflùseil 
y avait repos; bientôt nous fûmes convaincus, après un léger e.xa- 
men, que la chaleur de la bougie, placée à quelques centimètres 
dé distance du miroir du microscope, se réfléchissant sur ce mi¬ 
roir, une certaine quantité de chaleur était reçue par la patte ; mais 
les liquides se dilatant plus que les solides, le sang contenu dans 
les vaisseaux se dilatait plus que ces derniers, et paç suite produi¬ 
sait le petit mouvement dont nous étions témoins. En effet, ce 
mouvement cessait peu de temps après avoir éloigné la bougie 
du nûroir; il se rétablissait quand on l’en approchait de nou- 

Depuis, j’ai répété cette expérience, en mettant en présence 
de la patte un corps chaud, comme une lame de fer incandescent, 

tance, toutes choses égales d’ailleurs. 

Un effet du même genre a lieu, à la lumière diffuse, quand 
op, passe d’un lieu frais dans un lieu chaud : si dang le premier il 
y a repos, un faible mouvement des globules pourra s’établir, par 
le passage brusque dans un milieu dont la température excède 
de dix à quinze degrés centigrades celle du lieu dans lequel on 




32 Dû MOUVEMENT DU SANG 

ê. Même coïncidence entre les saccades o0'ertes par les globules, 
soit delà queue de plusieurs têtards de grenouilles, soit du mé¬ 
sentère de quatre salamandres adultes, et les pulsations du coeur, 
comptées comme précédemment, immédiatement après J’avoir mis 
à découvert - 

y. La circulation dans le mésentère de rats âgés de six à huit 
jours, et celle de la vessie de rats qui viennent de naître, devient 
moins vite peu de temps après leur fixation sur le liège ; des 
saccades ont lieu dans les artères, les capillaires et les veines; 
leur nombre est le même que celui des contractions du cœur, 
comme on s’en assure après avoir mis cet organe aussitôt en 
évidence. 

^.-On examine la circulation dans le mésentère, la vessie et la 
patte de plusieurs grenouilles chez lesquelles, préalablement, on 
a enlevé la partie moyenne du sternum et le péricarde ; le cœur 
est à nu, et les contractions du ventricule peuvent être observées 
en même temps que ces organes. D’abord la circulation est si 
vite, qu’ph ne distingue aucune saccade dans le mouvement des 
globules, mais,au bout d’une heure environ que l’animal est 
épinglé elle a moins de vitesse, il y a saccade dans les artères, 
les veines et les capillaires; tandis qu’on remarque ces saccades, 
un observateur indique le temps, le moment des contractions du 
ventricule ; à chaque contraction correspond une saccade dans les 
globules du sang. 

Remarque. De ces expériences, ainsi que des troisième et qua¬ 
trième du chapitre précédent, nous croyons devoir conclure que 
l’accélération du mouvement ées globules du sang dans les artères, 
les capillaires et les veines, et chaque saccade des globules, sont 


















CAPILLAIRES. 


don du cœur, le rétafaüssement complet de la circulation, du centre 
à la périphérie du corps, présenterait tous les phénomènes que 
nous venons d’exposer. 


a. Une souris est morte depuis une heure; on ouvre l’abdomen, 
on en fait sortir une grande partie de Tintestin grêle avec le mé¬ 
sentère; on les étale sur une lame de verre placée sur le porte-ob¬ 
jet du microscope ; on attend que les petits mouvements provoqués 
par cette préparation aient cessé. — On comprime l’abdomen 
de l’animal : aussitôt le sang reflue des troncs des artères et des 
veines vers leurs branches et rameaux ; ces vaisseaux contiennent 
une bien plus grande quantité de sang ; quelques vaisseaux capil¬ 
laires participent à ce mouvement. — Ou cesse de presser sur l’ab- 
domeii, et sur-le-champ les vaisseaux, artères et veines, qui vien- 












DANS LES VAISSEAUX CAPILLAIRES. 3 7 

depuis répétée par SpaJIanzani*. Mais ces auteurs n’ont rien dit 
sur fintelligence de ces phénomènes. 

Remarques. En enlevant le cœur et une partie de l’aortè, en ces 
points du système circulatoire, la pression du sang devient tout à. 
coup celle de l’atmosphère ; le sang qui est soumis à une pression 




MOUVEMENT 



œ. On prépare le mésentèré et le cœur d’une grenouille comme 
dans les expériences précédentes; mais au lieu d’enlever le cœur 
on le lie à sa base, sans èomprendre foreillette. — La vitesse des 
globules dans les artères, les capillaires et les veines, est tout à 
coup considérablement diminuée; le plus grand nombre des vais¬ 
seaux capillaires ne participent pas à ce faible mouvement. (Il y a 
quelquefois dans les artères, et pendant une minute environ, quel¬ 
ques faibles saccades, produites sans doute parles contmctionsde 
la base de l’aorte, qui dans cet animai est musculeuse; il en est de 
même du mouvement du sang dans les veines, qui quelquefois est 
oscillatoire, par suite des contractions de l’oreillette qui persistent.) 
Mais à la progression lente du sang dans les artères succède bien¬ 
tôt le repos; alors immobilité dans les vaisseaux capillaires. Ce repos 
dans les artères est lui-même bientôt remplacé par un mouvement 
rétrograde des rameaux vers les troncs de ces vaisseaux ; ce der¬ 
nier mouvement, ainsi que celui des veines, devient de plus en plus 
petit ; et il y a repos dans tous les vaisseaux au bout de cinq à dix 
minutes; en même temps les artères ont perdu une grande jiartie 
du sang qu’elles contenaient, de telle sorte que, de rouges qu’elles 
étaient, elles sont devenues très-pâles ; les veines ont aussi perdu 
de leur sang, mais beaucoup moins que les artères. 

Remarque. Ce mouvement rétrograde du sang dans les artères, 
après la ligature du cœur, vient du retrait des parois des petites 
artères vers lein- axe, et comme ce retrait est beaucoup moins pro¬ 
noncé dans les gros troncs, alors il y a progression du sang des 
rameaux et branches artériels vers les troncs. Il en est de même dt 
faible mouvement dans les veines, quoique le sang n’y soit plus 
poussé par le cœur èt les artères à travers les vaisseaux capillaires. 
Ce serait le cas de faire remarquer que c’est à ce retrait des 
petits vaisseaux qu’est due la pâleur de tout le corps dans lei 
premières heures qui suivent la mort ; mais nous nous abstenom " 







40 DD. MOUVEMENT DU SANG 

cœur, et tous les phénomènes de mouvement que nous venons de 

décrire ont lieu d’une manière constante. 

S. On coupe le cœur à sa partie moyenne; alors, ainsi que nous 
l’avons dit précédemment, repos dans les capillaires ; les artères 
et les veines poussent le sang vers le point du système circulatoire, 
devenu libre. , a, 

Remarque. Au moment où l’on délie le cœur, les petites artères 
sont rétrécies ; le sang poussé alors par les faibles contractions du 
cœur les dilate, mais, revenant sur elles-mêmes aussitôt après le 
faibleefifort du cœur, elles repoussent le sang; de là les oscilla¬ 
tions sans progression dans les premiers instants qui suivent la dis¬ 
parition de la ligature. 

Ces expériences confirment l’interprétation que nous avons 
donnée des phénomènes observés dans les premières et deuxièmes 
expériences de ce chapitre. 



Rapportons encore l’expérience suivante du même genre. 

Le cœur mis à découvert sur une grenouille, et le mésentère 
étalé sur le porte-obfet du microscope, la circulation dans les ar¬ 
tères , les capillaires et les veines, est continue; ce n’est que par 
intervalles quelle est légèrement saccadée : chaque saccade cor¬ 
respond à une contraction du ventricule. 

Nous appliquons une ligature, non à la base, comme précédém- 
meiit, mais à la partie moyenne du ventricule du cœur, le jeu de 
l’oreillette reste libre. Par cette ligature une partie du cœur est 
seulement paralysée ; alors les contractions de ta partie libre ont 
moins de force, et à chaque contraction il passe moins de sang 
dans le système artériel. —Le mouvement du sang, de continu, 
est deventî intermittent, dans les artères, les capillaires et les 
veines; il y a progression des globules, mais seulement pendant 
les contractions du ventricule : en leur absence il y a repos. — On 
enlève la ligature appliquée au cœur; il reste pendant cinq à six 




DANS LES VAISSEAUX CAPILLAIRES. ' 4l 

minutes des traces profondes du silion , de sorte que ies contrac¬ 
tions ne reprennent que peu à peu leur amplitude; la vitesse du 
sang augmente alors de plus en plus; le mouvement intermittent 
fait bientôt place à un mouvement continu, saccadé, et le sang ne 
récupère son mouvement continu, primitif, que lorsque le sillon 
‘du cœur a tout à fait disparu ; cette disparition a fieu au bout de 
vingt minutes environ. - 

Remarque. Outre l’absence complète d’action des vaisseaux 
capillaires dans ces expériences, nous voyons que le mouvement 
du sang, de continu, devient intermittent, lorsqu’une partie du cœur 
seulement participe à sa systole, on que sa force est diminuée ; 
alors nécessairement une quantité beaucoup moindre de sang se 
trouve lancée dans les artères, et doit vaincre l’inertie de la masse 


sanguine, qui est alors en repos ; ies artères sont donc moins dila¬ 
tées, et par suite elles reviennent moins sur elles-mêmes après 
chaque systole du cœur; de là leur impuissance à changer en con¬ 
tinu le mouvement intermittent produit par ies contractions tlu- 



tervalîe des contractions du cœur ; son mouvement, de continu, est 
devenu coutinu-saccadé. ^— Guinze minutes après, les saccades 
sont beaucoup plus prononcées: ii y a ienteur extrême dans ia 
progression du sang pendant i’intervaHé des contractions. — Dix 
minutes se sont de nouveau écoulées : alors repos des globules 
après chaque systole du cœur ; ce mouvement intermittent a lieu 
et dans les artères, les capillaires et les veines. A ce repos succède 
un mouvement rétrograde des globules, après chaque contraction 
du cœur, dans les artères dont le mouvement est alors oscillatoire; 
une grande par tie des capillaires n’olFrent plus de mouvement. — 
L’animal est en e.xpérience depuis une heure vingt minutes : il ne 
donne plus signe de vie; l’amplitutle des oscillations augmente de 
plus en plus, et les globules reculent autant qu’ils avancent dans les 
oscillations qu’ils nous olFrent; il y a lutte entre les faibles contrac¬ 
tions du cœur et la résistance qu’oHrent les artères à la dilatation : 
enfin le mouvement naturel des globules dans les artères devient 
à peine sensible ; bientôt il n’y a plus que mouvement rétrograde 
dans ces vaisseaux, repos dans les capillaires, et mouvement lent, 
mais toujours naturel dans les veines. Ce transport du sang, des 
rameaux des artères et des veines vers les troncs, devient de plus 
en plus lent, et il y a repos au bout de vingt minutes. Nous re¬ 
marquons que les artères et les veines contiennent une bien moins 
grande quantité de sang; quant aux capillaires, ils n’offrent aucune 
différence. 






44 DU MOUVEMENT DU SANG 

Nous croyons donc devoir conclure que le cœur et l’élasticité 
des parois artérielies sont ies principaux agents de la circulation 
artérielle, capillaire et veineuse c’est-à-dire que sans la pré¬ 
sence d’un organe creux, musculeux, offrant ipcessamment et al¬ 
ternativement des mouvements de systole et de diastole, la cir¬ 
culation capillaire dont il est ici question n’est pas possible ® (ô). - 
Mais si les vaisseaux capillaires ne jouent pas un rôle actif dans 
la-circulation, ils la modifient d’une manière bien remarquable, 
ainsi que nous l’avons annoncé dès le commencement de ce Mé- 


L’étude -de ces modifications va faire l’objet du chapitre sui- 




CHAPITRE III. 












46 BD MOUVEMENT DD SANG 

S. On place un obstecle C près !a bifurcation d’une artère et 
d’une veine a, ê (fig. l, Pf. I); fa circulation s’est arrêtée au deià 
de i’obstade, et dans l’artère et dans ia veine, de sorte que les glo¬ 
bules des parties AK,’MO de ces vaisseaux sont en repos ; fa cir- 
cufation continue dans les deux branches de chaque vaisseau, en 
vertu des anastomoses: son cours est seulement modifsf ; ainsi, au 
fieu de se faire dans le même sens dans les deux branches qui 
naissent d’un même tronc, elle a fieu en sens inverse dans l’un 
et dans l’autre. La partie transparente a disparu dans les portions 
AK, MO, lorsqu’eSe continue d’exister dans les deux branches de 
chaque tronc. Les globules qui passent d’une branche à fautre, 
de H vers I, de D vers F, ou réciproquement, sont séparés des 
globules en repos des parties AK,^0, par un espace KL, NO 
de sérum tout à fait transparent ; ce n’est qu’à des intervalles de 
temps plus ou moins éloignés, que quelques globules des parties 
AK, MO franchissent cet espace, ébranlés par la vitesse du cou¬ 
rant qui a lieu d’une branche à Fautre. Ces espaces transparents 
AK, MO, défiguré assez variable, sont formés de sérum, dont les 
molécules, les unes en contact avec les globules qui vont d’une 
branche à l’autre, suivent le mouvement de ces derniers ; les autres, 
en contact avec les globules des parties AK, MO, n’ont aucun 
mouvement. Les mêmes phénomènes ont lieu dans les points P 
et û des mêmes vaisseaux a, S, par rapport à l’obstacle C'. 

Les espaces KL, MO lient entre eux les espaces transparents 
des branches qui leur correspondent. 

Ainsi cette partie transparente des vaisseaux, qui se trouve de 
chaque côté du champ parcouru par les globules, et limitée en 
dehors par la ligne obscure qu’offrent les parois vasculaires, vues 
de champ, n’esf point le résultat d’un jeu'de lumière, ne fait pas 
partie des parois des vaisseaux ; toute son épaisseur est occupée 
par du sérum *. 






48 J>ü MOÜVEMENT DD SANG 

vaisseau (voyez fig. 2, PI-V), dans la partie dilatée AB, la vitesse 
est beaucoup moindre qu’en C et D; aussi la couche de sémm est 
beaucoup plus mince en AB qu’en C et D, où Je vaisseau a conservé 
son diamètre normal. 

e. A vitesses égales, la partie transparente qui nous occupe est 
pJus considérable dans un gros que dans un-petit vaisseau, ainsi 
qu’on Je voit (fig. 1, PI. I), si l’on compare ia couche transparente 
des troncs des vaisseaux, à celle de leurs branches. 

?. Si Ton examine le cours des globules dans un vaisseau'dont 
le diamètre permette le passage à trois, cinq, douze, vingt glo¬ 
bules de front, là vitesse des globules dans l’axe du vaisseau est 
•la plus grande; cette vitesse diminue de plus enplüsen s’appro¬ 
chant de la couche de sérum. Dans l’axe et dans son voisinage, les 
globules n’ont qu’un mouvement de translation, mais près de la 
couche, ils ont un mouvement de translation et de rotation ; ce 
dernier mouvement est d’autant plus prononcé qu’on s’approche 
plus de la couche; les globules (fig. 6, PI. V), qui la touchent, 
roulent pour ainsi dire sur elle, et offrent un mouvement de trans¬ 
lation beaucoup moins vite que ceux de l’axe du vaisseau. Ces 
mouvements s’observent très-bien dans les mammifères et les ba¬ 
traciens , surtout si le cours du sang n’est pas très-vite, s’il est 
devenu accidentellement moindre que dans l’état normal. Dans la 
grenouille et la salamandre. Je mouvement de rotation est plus facile 
à découvrir à cause de la forme ovalaire de leurs globules. Ces deux 
mouvements nous sont aussi offerts par les globules des branches 

p^e’ntes KL, NO. (Voyez fig. 1, PI. I.) '' 

Cette couche de sérum, dans son contact avec les globules, 
n’en est donc pas séparée par une ligne droite, mais bien par 
une ligne ondulée (fig. 6, PI. V), dont les anfractuosités et les 
saillies sont en rapport avec la grosseur des globules de l’animal. 

V. Cette différence de vitesse et de mouvement, dans les glo¬ 
bules placés, les uns près de Taxe, les autres près de la "couche, 
n’a pas seulement lieu dans la largeur du vaisseau, comme nous 






50 DU MOUVEMENT DU SANO 

demie en repos sans être , dérangés de cet état par les globules du 
courant; mais si, par une cause quelconque, la circulation vient 
à cesser, les globules envahissent toute ia largeur du vaisseau, et 
ils font partie du courant quand ia circulation se rétablit, par suite 
de leur contact avec les globules doués de mouvement. 

I. Si Ton se sert d’un faible grossissement, de soixante à quatre- 
vingts diamètres, par exemple, ii arrive quelquefois de voir des 
globules du sang ou dé la iympbe tout près du courant, comme 
ceux a, A; et qui n’offrent pas plus de mouvement que les gio- 
buies c, f; mais ces globules sont placés à ia partie supérieure 
et externe du vaisseau, comme en h‘; ils se trouvent alors dansda 
partie immobile de la couche de sérum, ainsi que les globules c, 
f; cet effet est dû au faible grossis^HÇ^^fui permet de von- une 
grande partie defépaisseur dq^^^^^^d^orte qu’on aperçoit 

cents diamètres, on ne peui’^lu^Ê^^fer ^ même temps le 
globule h étceux placés danè fepi^Kàa^iliôi'KOntal ea d. 

*. Ainsi cette couche de sér^p’esrajflnThqfrobile dans toute 
son épaisseur; ses molécules flbl^e^^viggu^ent d’autant plus 
lentement qu’on s’approche plus des^rôis du vaisseau, et tout 
près de ces parois, cette couche a ses molécules en repos. 

X. Le sang se meut donc dans les tubes vivants comme le fe¬ 
rait un liquide dans un tube inerte ‘, c’est-à-dh-e que les parois des 
vaisseaux, par une sorte d’affinité pour le sérum, puisqu’elles sont 
mouillées par le sang, rendent immobile une couche très-mince 
de ce sérum ; cette couche immobile tend à retarder le filet fluide 
interne qui lui succède ; ce dernier agit de la même manière sur 






ansparent appartenant au liquide qui charrie les gîobui 
;et espace, les globules, ou se meuvent très-lentement, 
pas de mouvement, comme chez les animaux, 
ns .croyons devoir conclure de l’examen précédent, nue 






a. Comme ordinairement ces vaisseaux ne donnent passage 
qu’à un seul globule, alors on n’y rencontre qu’une seule file de 
ces corpuscules, le plus souyent interrompue par des espaces de 
sérum; et ici l’existence de la couche serait démontrée par la 
place qu’occupent les globules dans leur mouvement, qui est l’axe 
du vaisseau, si nous n’aviôns pas prouvé qu’elle existe aussi bien 
dans les vaisseaux qui charrient trois ou quatre globules de front 
que dans ceux où l’on en rencontre quinze à vingt. 

ê. Nous observons la circulation dans les capillaires de la queue 
d’un têtard de grenouille, dans quelques vaisseaux où il ne circule 
ordinairement qu’un seul globule : on en voit quelquefois deux de 
front; mais bientôt l’un d’eux, se trouvant plus près de la paroi du 
vaisseau que l’autre, est arrêté dans sa marche, tandis que son con¬ 
génère, placé plus près de l’axe du vaisseau, fa bientôt abandonné et 
poursuit sa route. Le globule retardataire, heurté par un nouveau 
globule, gagne peu à peu le centre du vaisseau, très-souvent en 
tournant sur lui-même, en décrivant un demi-cercle dont le centre 
est la portion du globule placée dans la couche, et alors il suit le 
chemin de son.ancien compagnon, en récupérant sa vitesse primi¬ 
tive. D’autres fois un globule, suivi de cinq à six autres et heurté 
par son voisin, se place en travers du vaisseau; ses deux extrémités 
baignent dans la couche immobile de sérum: il a alors une vitesse 
beaucoup plus petite ; les autres globules arrivent sur lui, s’en rap¬ 
prochent , et il y a pendant quelques instants agglomération de 
globules en ce point, et par suite repos des globules dans le vais¬ 
seau capillaire ; mais, par les efforts que fait le filet central de 
sérum, ces globules se trouvent ébranlés; la position du premier 
globule change, devient longitudinale, et le cours des globules se 
rétablit bientôt. 

y. Des glo^les viennent d’un vaisseau capillaire A (fig. 3, PLI) 
du mésentère d’une grenouille, et se rendent dans'deux divisions 
B et C ; tant que les globules occupent le centre du vaisseau, 
leur mouvement n’éprouve aucune irrégularité. Un giobulé se 
trouve lancé dans la couche qui correspond à l’éperon E, alors il 


DASS LES VAISSEAUX CAPILLAIRES. 53 

se recourbe, et dans cette position il oscille pendant quelques 
secondes ; mais ainsi ébranlé, il change de place et est bientôt 
emporté dans le courant de B, par exemple, si dans sa nouvelle 
position il se trouve plus engagé dans B que dans C. — D’antres 




54 DU MOUVEMENT DU SANG 

I Poursuivons i’examen de ces irré^Iarités de mouvement dans 
les capülaires ; H s’agit d’une partie des capillaires du mésentère 
d’une grenouille, dans laquelle on observait la circulation depuis plus 
d’une heure (fig. 1, PI-1) ; nous avons fait les remarques suivantes : 

— Toutes les fois que des capillaires contiennent un plus grand 
nombre de globules que leurs voisins, ils sont le siège d’une vi¬ 
tesse beaucoup moindre, il y a lenteur extrême déterminée par le 
contact immédiat des globules avec la couche immobile ; en outre, 
à cette lenteur succède bientôt une accumulation des globules 
dans ces vaisseaux, et il y a repos. — Ce phénomène a lieu surtout, 
'quand le cœur oflFre dans ses contractions une force moins considé¬ 
rable , quand un certain temps s’est écoulé depuis le commencement 
de l’expérience. .4u contraire, lorsque le cœur a toute sa force, que 
fanimal n est point affaibli, la vitesse dans les capillaires est beau¬ 
coup plus considérable, les accumulations de globules ont lieu 
plus rarement, et chaque globule doué d’une grande vitesse ne 
se meut qu’au centre des vaisseaux , qui paraissent alors contenir 
un moins grand nombre de globules. 

Ainsi, à cause de la présence de cette couche immobile, la cir¬ 
culation capillaire exige, pour s’effectuer avec facilité, dans la 
force qui meut le sang, une certaine intensité, au-dessous de la¬ 
quelle il y a gêne, lenteur, accumulation des globules dans les ca¬ 
pillaires , et enfin repos. 

Quelquefois, ainsi qiie nous eh avons été témoin dans le mésen¬ 
tère qui est sous nos yeux, il se fait, par les causes que nous ve¬ 
nons de signaler, une agglomération de globules en cd, ab, ef, 
il y a repos àaxi%abcdef, et la circulation qui avait lieu dans le 

sens indiqué par ce signe»-continuant à se faire dans les 

autres vaisseaux, a lieu dans le sens indiqué par le signe »- 

— Mais les globules agglomérés en cd, ab, ef, éprouvant un petit 
ébranlement à chaque contraction du cœur, au bout dé quelques 
minutes, quelquefois après un plus long temps, cet ébranlement 
changeant peu à peu la disposition respective des globules, quel¬ 
ques-uns se dégagent, et le vaisseau, bientôt désobstrué, est le siège 



DANS LES VAISSEAUX CAPILLAIRES. 55 

d’un mouvement aussi vite qu’avant l’agglomération. Pendant cinq 
quarts d’heure nous avons vu, à quatre reprises différentes, le cours 
du sang changer dans ces vaisseaux capillaires par suite de l’agglo¬ 
mération des globules dans l’un d’eux. Disons aussi qu’il est rare que 
l’accumulation des globules dans un vaisseau capillaire n’entraîne 
pas peu après, et pour un temps plus ou moins long, celle des 
vaisseaux capillaires les plus voisins. 

71. Nous allons rapporter une observation faite sur te mésen¬ 
tère d’une souris blanche âgée de vingt jours: — température, 
25° centigrades. A est un tronc artériel qui donne naissance à 
deux branches B et C{£ig. 3, PI. ni); mais de la branche C, chose 
^ez rare, naît directement un vaisseau capillaire, charriant tout au 
plus deux globules de front, et qui va alimenter un réseau capillaire 
placé entre les branches B et C. Nous remarquons, ainsi que fa 
dit Haller, que la vitesse des globules dans ces capillaires est plus 
petite que dans les branches artérielles B et C ; mais ici nous ne 
pouvons plus dire, avec tous les physiologistes , comme lorsqu’il 
s’agit du système capillaire en général, que ce système offrant une 
capacité beaucoup plus grande que les systèmes artériel et veineux, 
la vitesse du sang doit être plus petite dans les capillaires que dans 
les artères et les veines, puisque les capillaires HKEFG naissent 
immédiatement des artères. Mais dès qu’un globule venant de C 
entre dans H K, là il se trouve entre deux couches de sérum, les¬ 
quelles, par leur voisinage des parois des vaisseaux, ont une vitesse 
beaucoup plus faible que celles du vaisseau C, dont le diamètre 
est vingt fois plus considérable ; ce globule dans son mouvement 
est tout à fait soumis à la vitesse des filets fluides qui l’environnent ; 
aussi en offre-t-il une plus petite que celle qu’il avait dans le vais¬ 
seau C, toutes choses étant égales d’ailleurs. 

6. Deux vaisseaux capillaires i et l (voyez fig. I, PI. I) ap¬ 
portent leurs globules dans un autre g, qui débouche immédiate¬ 
ment dans la branche veineuse anastomotique RT V; quelquefois 
deux globules se présentent à la fois à l’entrée du capillaire g; 
l’un d’eux s’arrête, oscille, tandis que l’autre parvient dans g; il 



56 Bü MOUVEMENT BD SANG 

arrive fréquemment que le premier oscille un grand nombre de 
fois avant de s’engager dans g; quelquefois le courant de ih vers 
g devenant plus considérable, les globules àe h l oscillent, et le 
courant change momentanément de direction. Ces changements 
de direction des courants dans les capillaires, ces irrégularités de 
mouvement, viennent de la grande facilité des globules à s’y ag¬ 
glomérer, par suite de la cause signalée plus haut; de là la diffé¬ 
rence si grande dans la vitesse des uns et des autres, et les anoma¬ 
lies de mouvement dont nous sommes témoin. Nous ne pensons 
pas devoir adopter pour les expliquer, soit une action directe des 
vaisseaux capiUaires, qu’il est impossible de constater, soit un or¬ 
ganisme particulier dans les globules, en vertu duquel iis seraient 
considérés comme des infusoires ayant en eux quelque chose tfin^ 
dividuel, ainsi que l’admet M. Dœllinger*. 

1 . Les changements de sens du courant, les anomalies de mou¬ 
vement , que présentent les larges anastomoses artérielles et vei¬ 
neuses, sont pour nous la représentation, mais sur une plus grande 
échelle, des irrégularités de mouvement que nous offrent les ca¬ 
pillaires. Aussi, qu’il nous soit permis de nous arrêter un ins¬ 
tant sur les diverses phases de mouvement que nous avons ob¬ 
servées dans fanastomose veineuse R ST U V, appartenant aux 
veines ê et ê' d’un mésentère de grenouille. (Voyez fig. 1 , PI. I.) 
Le sang est amené dans cette anastomose par le rameau Z, charriant 
quatre à cinq globules de front, et le capillaire g, dont la circula¬ 
tion est assez variable, ainsi que nous venons de le voir; tantôt 
cette anastomose contient be'aucoup de sang, tantôt les globules 
qu’on y remarque sont rares. Au moment de l’observation. les 
globules fournis par le rameau Z se rendent à droite et à gauche 
vers V et R; ceux du capillaire ^ se rendent à gauche vers R; mais 
peu de temps après, les rapports entre l’intestin et le mésentère 
ayant changé par suite d’un mouvement de l’animal, tous les glo¬ 
bules de V et de Z se portent vers R; dans d’autres cas, au con¬ 
traire , les globules de Y, ^ et Z, vont vers V, et passent par X. On 

i- Journal du Progrès, t. IX, p.‘35. 


plus de partie transparente, et les globules sont momentanément 
en repos. Ces phénomènes divers de mouvement ont alterné à 
plusieurs reprises. Dira-t-on que ces masses de globules, qui vont 
les unes à droite, les autres à gauche, qui quelquefois ne se meu¬ 
vent pas, sont douées Sun organisme particulier, auquel elles de¬ 
vraient ces diverses phases de mouvement? 

Ainsi, quoique le. cours du sang dans les capillaires soit soumis 





trauslation a en même temps diminué de vitesse ; quant aux capil¬ 
laires visibles, ia circulation est arrêtée dans beaucoup d’entre eux; 
quelques-uns sont le siège d’un mouvement très-lent. — On enlève 
la glace ; et à peine quelques minutes se sont-elles écoulées, que les 
vaisseaux capillaires dans lesquels il n’y avait plus de circulation, 







60 DU MOUVEMENT Dü SANG 

fluence. — On prend une autre partie du mésentère, et la cessa¬ 
tion de la circulation dans les capillaires, par la présence de la 
glace, et son rétablissement en son absence, se reproduisent avec 

ê. Nous répétons la même expérience sur un crapaud ; la tem¬ 
pérature du lieu est 2 5° centigrades, et les phénomènes que nous 
venons de décrire se succèdent dans les mêmes circonstances. On 
met une couche d’eau sur le mésentère; on y place l’extrémité 
d’une lame de fer, l’autre extrémité est en contact avec la flamme 
d’une bougie; au fur et à mesure que la température de Feau ré¬ 
pandue sur le mésentère s’élève, on voit la vitesse des globules 
dans les capillaires devenir de plus en plus, grande ; la vitesse 
moyenne des artères et des veines nous paraît en même temps 
augmentée. Mais la chaleur portée dans la couche d’eau étant 
devenue assez grande pour en faire entrer une partie en vapeur, 
alors il y a repos dans les capillaires ; on remarque des îles formées 
par Fagglomération des globules, qui se meuvent dans les artères 
et les veines,' et avec une lenteur extrême; ces îles de globules 
présentent de petites oscillations ; leur amplitude diminue de plus 
en plus, et bientôt il y a repos ; mais ici, la tempéi-ature ayant été 
portée aussi haut, le repos dans les capillaires, la formation des 
îles de globules dans les artères et les veines, sont le résultat 
de la coagulation de Falbumine du sang par la chaleur. 

Remarque. Comme on le savait depuis longtemps d’après 
Haies* et Haller, Faction d’une température élevée, comme celle 
d’une température basse, sur un point du corps, modifie beaucoup 
la circulation dans ce point ; la modification, ainsi qu’on vient de 
le voir, est loin d’être aussi remarquable dans les artères et les 
veines qui correspondent aux vaisseaux capillaires observés. Cette 
influence du froid et de la chaleur appliqués à une partie du corps 
se fait sentir sur tout le système circulatoire^, mais à un degré 
beaucoup plus faible. L’expérience suivante mettra cette vérité 





DANS LES VAISSEAUX CAPILLAIRES. 61 



Des fils sont attachés aux extrémités des doigts d’une patte de 
grenouiïie ; cette patte est placée, à Faide de morceaux de liège 
appuyant sur les fils, au fond d’une petite auge ; cette auge entre 
à frottement dans une ouverture pratiquée à la lame de liège sur 
laquelle est épinglée la grenouille ; l’autre patte postérieure est 
fixée de manière à y voir la ch-cufation en raêmé temps qu’on Fexa- 
mine dans la première, disposée dans l’auge.' — La température 
du lieu est Î5° centigrades. La circulation dans l’une et l’autre 
patte se fait très-bien. — On met des morceaux de glace dans 
l’auge; la vitesse des globules, dans les capillaires de la patte qui 
y est placée, diminue de plus en plus ; celle des artères et des veines 
est aussi moins grande; au bout de cinq minutes, quelques vais¬ 
seaux capillaires n’offrent plus de mouvement, et les artères sont 
le siège d’un mouvement saccadé des globules, que leur grande 
vitesse empêchait d’apercevoir avant faction de la glace ; la circu¬ 
lation dans l’autre patte, au sein de fatmosphère, est aussi vite, 
dans les trois ordres de vaisseaux, qu’avant l’application de la glace 
sur la première patte. — Dix minutes plus tard, la circulation est 
arrêtée dans um grand nombre de capillaires de la patte plongée 
dans l’eau glacée; un petit nombre de capillaires donnent encore 
passage aux globules, mais le mouvement est d’une lenteur ex¬ 
trême ; la partie transparente des artères et des veines a sensible¬ 
ment augmenté d’épaisseur, et la vitèsse moyenne dans ces vais¬ 
seaux est en même temps beaucoup plus petite. — L’autre patte 
placée dans l’atmosphère offre, daps les artères, les veines, et sur¬ 
tout dans les capillaires, une vitesse moins considérable que pré¬ 
cédemment, et cela à cause de rabaissement de température de 
toute la.masse du sang, par le séjour dans l’eau glacée, pendant 
plus d’un quart d’heure, du tarse et de la jambe du côté opposé : 
neanmoins la fréquence des pulsations du cœur napas diminué. 
—On enlève la glace, et la circulation dans les capillaires, les artères 





62 DU MODVËSIEST DD SANG, 

et ïes veines de la patte soumise à l’actidn du réfrigérant se rétablit 
peu à peu, et récupère sa vitesse normale au bout de six à huit mi¬ 
nutes.— On met dans l’auge de l’eau à 3 8° centigrades, alors la 
vitesse des ^obules dans les capillaires devient si grande qu’il est 
impossible de distinguer leur, forme; dans les artères, les globules 
qui sont en contact avec la partie transparente du vaisseau ont 
une vitesse plus considérable. — L’autre patte, dans fatmosphère, 
n’olfre pas une circulation, plus vite dans lès cinq premières mi¬ 
nutes de l’application de l’eau chaude; bientôt la circulation dans 
les, capillaires est beaucoup inoins lente, mais n’est nullement à 
comparer à la vitesse dès globules des capillaires de la patte de 

Cette expérience, répétée cinq fois sur des grenouilles, offrit les 
mêmes résultats, 

EXPÉBIÉS-CE OÜATEIÈME. 

La vessie des rats qui viennent de naître est ordinairement 
pleine d’urine ; cette urine est d’une limpidité parfaite, et comme 
les parois de la vessie à cet âge sont très-minces, et par là très- 
transparentes, cet organe est on ne peut plus favorable aux obser¬ 
vations microscopiques. (Voyez fig. i , PI TIT ). 

a. Température, 27° centigrades. Sur un rat âgé de quelques 
jours nous mettons en évidence, par une incision faite à l’abdomen, 
et la vessie et les vaisseaux du mésentère; de sorte qu’on.peut en 
même temps observer la circulation dans ces deux parties à la fois. 
—,-On promène de petits morceaux de glace sur la surface de la 
vessie; le cours des globules est arrêté dans les capillaires touchés 
par la glace au bout de dix à quinze secondes ; la vitesse, dans les 
artères et les veines correspondant aux capillaires observés, est 
considérablement diminuée; quant à la circulation dans le mésen¬ 
tère , après ce court laps de temps, elle ne paraît pas avoir éprouvé 
de modification. — On enlève la glace, dont le contact avec les 
parois de la vessie avait été au plus d’une demiuninute, et les pul- 


DASS IBS VAISSEAIIX CAPILLAIRES- 63 

satious du cœur se font aussitôt sentir dans ïes capHIaires : il y a 
bientôt ébranlement général de tous les globules ; à la faveur de 
cet ébranlement, la circulation commence à se faire très^lente- 
mént dans le vaisseau capiflaire atibd, par exemple (fig. a, PI. El); 
les oscillations augmentent d’amplitude dans hefgc et àaxisfhid; 
une minute après, la circulation est plus vite dans abcd; elle com¬ 
mence à s’établir dans befgc, et bientôt aussi dans fhid, et cette 
circulation dans les capillaires, où, par suite de l’action du froid, 
il y avait repos, ne récupère sa vitesse normale qu’au bout de huit 
minutes. II est inutile de faire remarquer ici que les petites oscilla¬ 
tions qu’on observe dans les capillaires, après l’ablation de la glace, 
viennent des contractions du cœur, et que le rétablissement de la 
circulation est dû à l’influence exclusive de cet organe. Là. circu¬ 
lation dans le mésentère continuant à se faire comme dans l’état 
normal, la suspension de la circulation dans la vessie ne peut être 
due qu’à l’action du réfrigérant. 

ê. L’action de la glace, dans les mammifères, se fait beaucoup 
moins attendre que dans les batraciens ; ainsi, dans nos jeunes rats, 
un contact de dix à quinze secondes sufiît pour déterminer lé re¬ 
pos dans un grand nombre de capillaires; dans les grenouilles 
il faut six à huit minutes. H y a aussi une grande • différence au 
sujet du rétablissement de la circulation ; il se fait plus longtemps 
attendre chez les mammifères, et même, quand le contact de la 
glace a été prolongé pendant six à huit minutes, quelquefois moins, 
le nombre des capillaires où la circulation ne se fait plus est si 
considérable, qu’il faut attendre un très-long temps avant qu’elle 
se rétablisse en l’absence delà glace, ettrès-souvent le repos per¬ 
siste dans les capillaires jusqu’à la tnort de l’animal. C’est pourquoi 
lorsqu’on étudie la circulation capillaire dans une atmosphère dont 
la température est au-dessous de 10 ° centigrades, sur une souris, 
un rat, par exemple, voit-on un grand nombre de capillaires ne 
plus offrir de mouvement dès que le mésentère est sorti de l’abdo¬ 
men. Aussi ces expériences ne peuvent-elles être faites avec fruit 
qu’à une température ambiante de 25 à 30° centigrades. 





g4 DU MODYEMEKT DU SANG 

La ch-criation capiflaire examinée dans les batraciens, iatém- 
pératurede Falmosphère n’étant que de quelques degrés au-dessus 
de zéro, offre, toutes choses égales d’ailleurs, une vitesse plus 
petite que lorsqu’on l’étudie ë une température de 20 à 25°, 
par exemple. Il en est de meme de la lenteur extrême de la 
circulation, dans la queue des têtards de grenouille (l’air ambiant 
étant à 20 et quelques degrés) qu’on plonge dans une auge 
contenant de la glace fondante; mais, dans ce cas, nous avons 
remarqué que la fréquence des battements du cœur, sans doute 
par le passage brusque de tout le corps de l’animal, d’une haute 
température à celle de 1 à 2°, devenait beaucoup moindre; aussi 
cette expérience, isolée, sans fappui de l’expérience précédente, 
serait-elle loin d’être concluante, quant à l’action du froid sur la 
circulation capillaire dont il vient d’être question. 

Des expériences précédentes nous concluons que la vitesse du 
sang dans les capillaires d’une partie du corps est éminemment 
influencée par la température de cette partie, qu’elle tend à dimi¬ 
nuer, et qu’elle finit par s’arrêter, dans les points soumis incessam¬ 
ment à une température de 0, i°, 2°, 6°C.; qu’au contraire la vitesse 
devient plus grande quand la partie est placée dans un milieu dont 
la température excède celle de l’atmosphère; que par le séjour 
prolongé d’une portion du corps dans un milieu froid (expé¬ 
rience 3°), toute la masse du sang éprouvant un abaissement de 
température, la circulation des capillaires des autres points du 
corps devient aussi plus difficile, s’effectue avec plus de lenteur. 

Comme dans toutes ces expériences les vaisseaux capillaires 
n’ont point changé sensiblement de volume, comme leur diamètre 
est resté constant, quel que soit le degré indiqué par le thermo¬ 
mètre, nous pensons qu’on doit attribuer le repos des globules à 
l’augmentation, par le froid, de Fépaisseur de la couche immobile de 
sérum quitapisse intérieurement ces vaisseaux ; et leur plus grande 
vitesse, à la diminution de fépaisseur de cette même coutÂe par 
l’élévation de la température; en effet, comme l’existence de cette 
couche immobile vient de l’affinité des parois des vaisseaux pour 




à un courant d’air, etc. ; mais ces considérations trouveront leur 
place dans un travail dont nous nous occupons maintenant, qui 
aura pour titre, de ïInflammation, et dans lequel la plupart des 
phénomènes seront appuyés sur nos connaissances physiologiques. 

On sait que certains animaux, tels que les poissons et quelques 
mammifères amphibiens, dans leurs excursions au Sein des mers, 
se trouvent quelquefois placés à une distance de la surface de Feau 
de quatre-vingts mètres et plus”; ils supportent alors une pression 











tant à la boite le tube de Mariette et en même temps la pompe 
foulante, ou bien le tube barométrique et la pompe aspirante. 
L’appareil est ensuite placé sur la table horizontale du microscope 
qui sert à recevoir les objets qu’on examine, et alors, faisant jouer 
la pompe foulante, la pression de fair intérieur augmente de plus 
en plus, et on est.témoin, à l’aide du microscope, des phéno¬ 
mènes auxquels peut donner lieu une pression de plus en plus 
considérable; si, au contraire, on se sert de la pompe aspirante, 
on observe les phénomènes correspondant à une pression de plus 
en plus petite. 


a. Une salamandre préparée de-manière à examiner la circula¬ 
tion dans le mésentère est introduite dans fappareil; on y adapte 
la pompe foulante et le tube de Mariette. ^L’instrument placé 
sur le porte-objet du microscope, on examine de nouveau, la cir¬ 
culation dans les artères, les capillaires et tes veines, afin de pren, 
dre une idée exacte du mode de circulation. — On fait jouer la 
pompe foutante, et, par l’indication donnée par le manomètre, on 
a bientôt deux, trois, quatre atmosphères de pression ; la circula- 






gg DU MOÜVEMENT DD SASG 

le robinet; on enlève la pompe foulante; il y a toujours dans l’ins¬ 
trument une pression de sept atmosphères ; on ouvre tout à coup 
le robinet : l’air sOrt avec violence de l’instrument; d’une pression 
de sept atmosphères on descend subitement à la pression ambiante, 
et aucune modification n’est produite dans la circulation par ce 
passage instantané d’une haute pression à celle de. l’atmosphère. 

ê. Nous remplaçons le manomètre par le tube barométi-ique, 
nous faisons jouer le piston de la pompe aspirante ; la pression de 
l’intérieur de fappareil diminue de plus en plus, et la circulation 
dans le mésentère, sous une pression seulement de trois centimètres 
de mercure, se fait comme dans l’atmosphère, comme précédem¬ 
ment , sous une pression de cinq cent quarante centimètres de 
mercure : ce dernier résultat coïncide avec celui des expériences 
16, 17 et 18 de Spallanzani*, faites dans le vide de la machine 
pneumatique, sur des lézards, des grenouilles et des salamandres ; 
mais ces expériences répétées sur les mammifères, ainsi que nous 
allons le voir, donnent lieu à des conséquences importantes sur le 
rôle que jouent les mouvements respiratoires dans la circulation. 

ÿ. Un têtard de grenouille et de salamandre, et de petites 
grenouilles sont placés dans l’instrument, et la circulation étudiée 
dans la queue du têtard et la patte de la grenouille reste la même, 
la pression variant de deux centimètres à cinq cent soixante centi¬ 


mètres de mercure. Peut-être la vitesse dans les capillaires d 
queue de quelques têtards est-elle un peu moins considérable ; 
la haute pression de six cents centimètres de mercure, mais i 
n’oserions pas l’affirmer. 



Des expériences de Buffon, répétées dans ces derniers t 
par M. Edwards nous ont démontré que les jeunes mammil 
dans les premiers jours qui suivent leur naissance, peuvent i 





i’appareii ; la circulation se fait très-bien partout. — A l’aide de la 
pompe foulante on détermine une pression de plus en plus grande : 
rien de nouveau dans la vitesse du sang des artères, des capillaires 
et des veines; on va jusqu’à une pression de six atmosphères et de¬ 
mie : l’animal est sous cette haute pression depuis une heure, et 
pendant ce laps de temps on ne découvre aucun changement 
dans la circnlation ; le résultat est le même en passant brusque¬ 
ment de cette haute pression à celle de l’atmosphère ambiante. — 


On remplace la 
aspirante et le ; 
de l’instrument. 



Cette dernière expérience, que j’ai répétée un grand nombre 
de fois devant M. le docteur Bebn, de Keil, nous démontre com¬ 
bien est illusoire l’opinion des physiologistes qui pensent que sans 
pression atmosphérique toute circulation est impossible; en outre, 
con^e dans le vide les mouvements respiratoires sont nuis, les 
mouvements d’inspiration et d’e.xpirafion ne sont pas plus que la 
pression atmosphérique des causes indispensables de la circula- 









riftfir. 





















EXPLICATION DES PLANCHES. 



Fig. 1 et 2. Portion d’intestin grêle de grenouiHe; a, /â; a, vaisseaux 
nésentériques correspondants. Grossissement de 30 à 4o diamètres. 

Fig. 3. Vaisseaux capiîîaires avec ieurs globules. Grossissement de 
160 à l.SO diamètres. 


sant îes chairs de la mâchoire inféneure. Grandeur naturelle. 

Fig. 1. Partie terœinaïe d’une branchie du têtard précédent; son corps 
et ses feuilles terminales au nombre de neuf, dans lesquels sont*représentées 
les artères et les veines. On n’a mis qu’un petit nombre de globules pour 
ne pas surcharger la figure. Grossissement de 50 à 60 diamètres. 

Fig. 2'. Têtard de salamandra cristaia (Latr.) dont les branchies vien¬ 
nent de disparaître; d, fun des poumons; BC, lame de liège sur laquelle 
est épinglé f animal; bc, ouverture pratiquée à la lame de liège. Grandeur 

Fig. 2. Portion terminale du poumon d du têtard précédent. A, A, A... 
sont les artères; V, V, V... les veines. Grossissement de 60 à 60 fois. 
On n’a pas mis de globules pour ne pas surcharger la figure. 

Fig. 1 '. Surmulot âgé de un à deux jours. D, sa vessie; BC, lame de 
liège sur laquelle o.n a épinglé f animal; 5c, ouverture pratiquée à la lame 
de liège. Grandeur naturelle. 

Fig. 1. 














au contraire, s’adapte au raccord q, ïe manomètre à air comprimé, 2, 

gradué jusqua 20 atmosphères, iorsqu’H s’agit d’une pression pius con¬ 
sidérable que celle de Tatmosphère. 

t, vis offrant une tête à pans hexagonaux, pénétrant dans ïa paroi^^ de 
ia boîte \ cette vis est percée dans son axe d’une ouverture qui feit com¬ 
muniquer fintérieur de la boîte avec ia pompe foulante ou aspirante. Cette 
pièce est représentée en pian et en élévation en grandeur naturelfe par les 

k , robinet s’adaptant à la vis précédente et recevant une pompe aspi- 








TABLE. 


divers que présentent les gîâbules dans les capillaires.. 3 


CHAPITRE PREMIER.